Le texte du traité est
le suivant :
Art 1. L’Annam
reconnaît et accepte le Protectorat de la France. La France représentera Annam
dans toutes ses relations extérieures. Les Annamites à l’étranger seront placés
sous la protection de la France.
Art. 2. Une force
militaire française occupera Thuan-An d’une façon permanente. Tous les forts et
ouvrages militaires de la rivière de Hué seront rasés.
Art. 3. Les
fonctionnaires annamites, depuis la frontière de la Cochinchine jusqu’à la
frontière de la province de Ninh-Binh, continueront à administrer les provinces
comprises dans ces limites, sauf en ce qui concerne les douanes, les travaux
publics et, en général, les services qui exigent une direction unique ou
l’emploi d’ingénieurs ou d’agents européens.
Art. 4. Dans les
limites ci-dessus indiquées, le Gouvernement annamite déclarera ouverts au
commerce de toutes les nations, outre le port de Qui-Nhon, ceux de Tourane et
de Xuan-Day. D’autres ports pourront être ultérieurement ouverts après une
entente préalable. Le Gouvernement français y entretiendra des agents placés
sous les ordres de son Résident à Hué.
Art. 5. Un Résident
général, représentant du Gouvernement français, présidera aux relations
extérieures de l’Annam et assurera l’exercice régulier du protectorat, sans
s’immiscer dans l’administration locale des provinces comprises dans les
limites fixées par l’article 3. Il résidera dans la citadelle de Hué avec une
escorte militaire. Le Résident général aura droit d’audience privée et
personnelle auprès de Sa Majesté le Roi d’Annam.
Art. 6. Au Tonkin des
Résidents ou Résidents-adjoints seront placés par le Gouvernement de la
République dans les chefs-lieux où leur présence sera jugée utile. Ils seront
sous les ordres du Résident général. Ils habiteront dans la citadelle, et, en
tout cas, dans l’enceinte même réservée au mandarin; il leur sera donné, s’il y
a lieu, une escorte française ou indigène.
Art. 7. Les Résidents
éviteront de s’occuper des détails de l’administration des provinces. Les
fonctionnaires indigènes de tout ordre continueront à gouverner et à
administrer sous leur contrôle; mais ils devront être révoqués sur la demande
des autorités françaises.
Art. 8. Les
fonctionnaires et employés français de toute catégorie ne communiqueront avec
les autorités annamites que par l’intermédiaire des Résidents.
Art. 9. Une ligne
télégraphique sera établie de Saïgon à Hanoï et exploitée par des employés
français. Une partie des taxes sera attribuée au Gouvernement annamite qui concédera,
en retour, le terrain nécessaire aux stations.
Art. 10. En Annam et au
Tonkin, les étrangers de toute nationalité seront placés sous la juridiction
française. L’autorité française statuera sur les contestations de quelque
nature qu’elles soient qui s’élèveront entre Annamites et étrangers, de même
qu’entre étrangers.
Art. 11. Dans l’Annam
proprement dit, les Quan-Bo percevront l’impôt ancien sans le contrôle des
fonctionnaires français et pour compte de la Cour de Hué. Au Tonkin, les
Résidents centraliseront avec le concours des Quan-Bo le service du même impôt,
dont ils surveilleront la perception et l’emploi. Une commission composée de
commissaires français et annamites déterminera les sommes qui devront être
affectées aux diverses branches de l’administration et aux services publics. Le
reliquat sera versé dans les caisses de la Cour de Hué.
Art. 12. Dans tout le
royaume, les douanes réorganisées seront entièrement confiées à des
administrateurs français. Il n’y aura que des douanes maritimes et de frontières
placées partout où le besoin se fera sentir. Aucune réclamation ne sera admise
en matières de douanes, au sujet dés mesures prises jusqu’à ce jour par les
autorités militaires. Les lois et les règlements concernant les contributions
indirectes, le régime et le tarif des douanes, et le régime sanitaire de la
Cochinchine seront applicables aux territoires de l’Annam et du Tonkin.
Art. 13. Les citoyens
ou protégés français pourront, dans toute l’étendue du Tonkin et dans les ports
ouverts de l’Annam, circuler librement, faire le commerce, acquérir des biens
meubles et immeubles et en disposer. S. M. le Roi d’Annam confirme expressément
les garanties stipulées par le traité du 15 mars 1874 en faveur des
missionnaires et des chrétiens.
Art. 14. Les personnes
qui voudront voyager dans l’intérieur de l’Annam ne pourront en obtenir
l’autorisation que par l’intermédiaire du Résident général à Hué ou du
Gouverneur de la Cochinchine. Ces autorités leur délivreront des passeports qui
seront présentés au visa du Gouvernement annamite.
Art. 15. La France
s’engage à garantir désormais l’intégrité des États de S. M. le Roi d’Annam, à
défendre ce Souverain contre les agressions du dehors, et contre les rébellions
du dedans. À cet effet, l’autorité française pourra faire occuper militairement
sur le territoire de l’Annam et du Tonkin les points qu’elle jugera nécessaires
pour assurer l’exercice du protectorat.
Art. 16. S. M. le Roi
d’Annam continuera, comme par le passé, à diriger l’administration intérieure
de ses États, sauf les restrictions qui résultent de la présente convention.
Art. 17. Les dettes
actuelles de l’Annam vis-à-vis de la France seront acquittées au moyen de
paiements dont le mode sera ultérieurement déterminé. S. M. le Roi d’Annam
s’interdit de contracter aucun emprunt à l’étranger sans l’autorisation du
Gouvernement français.
Art. 18. Des
conférences régleront les limites des ports ouverts et des concessions
françaises dans chacun de ces ports, l’établissement des phares sur les côtes
de l’Annam et du Tonkin, le régime et l’exploitation des mines, le régime
monétaire, la quotité à attribuer au Gouvernement annamite sur les produits des
douanes, des règles, des taxes télégraphiques et autres revenus non visés dans
l’article 11 du présent traité. La présente convention sera soumise à
l’approbation du Gouvernement de la République française et de S. M. le Roi
d’Annam, et les ratifications en seront échangées aussitôt que possible.
Art. 19. Le présent
traité remplacera les conventions des 15 mars, 31 août et 23 novembre 1874.
En cas de contestation
le texte français fera seul foi.
Comments
Post a Comment